Né à Rio de Janeiro en 1907, Oscar Niemeyer n’a jamais cessé de voir l’architecture comme un art de vivre, un art de rêver. Jusqu’à sa disparition en 2012, il a modelé l’espace avec une liberté presque insolente, faisant onduler le béton comme d’autres manient la plume. Son œuvre, immense, audacieuse, a redéfini l’identité visuelle du Brésil moderne, et influencé bien au-delà des frontières. Lauréat du prix Pritzker en 1988, Niemeyer n’a jamais cessé de revendiquer une architecture faite pour les gens, pour les émotions, pour la beauté. Retour sur quelques-unes de ses réalisations les plus marquantes.
Brasília : le rêve devenu ville

C’est peut-être l’œuvre qui résume le mieux son génie. Pensée avec l’urbaniste Lúcio Costa, Brasília a surgi au cœur du pays comme une promesse d’avenir. Capitale sortie de terre dans les années 1960, elle est tout sauf ordinaire : ici, les cathédrales semblent flotter, les ministères défient les lignes droites, et chaque bâtiment raconte un pays qui voulait se réinventer. Une utopie moderniste au service de la démocratie.
Le MAC de Niterói : un ovni face à la baie

Impossible d’oublier le Musée d’Art Contemporain de Niterói. Avec sa silhouette futuriste suspendue au-dessus de la baie de Guanabara, il semble avoir atterri là par magie. Cette soucoupe blanche, tout en courbes, dialogue avec le ciel, l’eau, les montagnes et les visiteurs. Une œuvre d’art en soi, qui place l’architecture à hauteur de poésie.
Le Sambadrome : quand l’architecture célèbre le peuple

À Rio de Janeiro, c’est au rythme des tambours et des plumes que Niemeyer a imaginé le Sambadrome. Une avenue de 700 mètres dédiée au carnaval, flanquée de gradins où vibrent chaque année les couleurs, les corps, les voix du peuple brésilien. Plus qu’un lieu de passage, un théâtre de la joie, conçu pour exalter l’identité populaire.
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Le parc Ibirapuera : un souffle au cœur de São Paulo

Au milieu du tumulte pauliste, le parc Ibirapuera est une parenthèse. Ses pavillons signés Niemeyer ne cherchent pas à dominer, mais à accompagner le promeneur. Le béton y devient léger, les courbes accueillantes. Un espace de culture, de respiration, de rencontres, où l’architecture s’efface presque pour mieux souligner le vivant.
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Le Complexe Culturel de la République : l’art en partage

Brasília encore. Niemeyer y a imaginé un duo architectural fort : le Musée National et la Bibliothèque Nationale. Deux volumes blancs, épurés, ouverts sur la ville, pensés pour donner accès à la connaissance, à la curiosité, à l’émotion. Car pour lui, l’architecture ne devait jamais être élitiste : elle devait élever, sans exclure.
Oscar Niemeyer le répétait souvent : « Je n’aime pas les angles droits ou les lignes droites, dures et inflexibles créées par l’homme. » Il préférait la liberté d’une courbe, l’élan d’un mouvement, la sensualité d’un geste. Son œuvre raconte tout cela, et bien plus. De Milan à Alger, d’Avilés à New York, ses bâtiments parlent encore aujourd’hui d’utopie, de justice, de beauté. Ils parlent d’un homme qui croyait que le monde pouvait être meilleur, et que l’architecture avait un rôle à jouer dans cette quête.
Photos : D.R.