La Grande Forêt Maya s’impose comme l’un des derniers grands poumons verts du continent americain, deuxième plus vaste forêt tropicale d’Amérique après l’Amazonie, elle s’étend sur plus de 5,7 millions d’hectares, entre Mexique, Guatemala et Belize. C’est à Calakmul, au Mexique, que les trois pays ont scellé, le 15 août dernier, un accord sans précédent : la création du Corridor Bioculturel de la Grande Forêt Maya.
Un effort conjoint pour un territoire unique

Ce mémorandum d’entente prévoit la coopération en matière de prévention des incendies, de lutte contre l’exploitation illégale du bois et de gestion durable des produits forestiers. L’objectif est clair : protéger une biodiversité exceptionnelle, qui compte environ 7 000 espèces, dont 200 menacées et 50 prioritaires, parmi lesquelles le jaguar, l’ara rouge ou encore le tapir.
Le pacte inclut aussi un volet communautaire : garantir que l’utilisation des ressources, bois, fibres, fruits, profite directement aux habitants. Pour donner un élan symbolique à cette alliance, les signataires ont instauré le 15 août comme Journée de la Grande Forêt Maya, et créé un Prix du Mérite de la Conservation.
Patrimoine naturel et culturel partagé
Pour les gouvernements, la Grande Forêt Maya est bien plus qu’un refuge de biodiversité : c’est un territoire de mémoire et d’identité. Comme l’a rappelé John Antonio Briceño, Premier ministre du Belize :
« Nous ne protégeons pas seulement un écosystème, nous honorons également l’héritage de la civilisation qui a prospéré sur ces terres. Mexique, Guatemala et Belize démontrent une fois de plus que nos frontières politiques ne nous divisent pas — elles unissent nos efforts pour préserver l’un des derniers poumons de la planète et le patrimoine vivant des peuples mayas. »
Développement régional et intégration

Le projet s’inscrit aussi dans une vision d’avenir. La présidente du Mexique, Claudia Sheinbaum, a annoncé l’extension du Train Maya vers le Guatemala et le Belize, afin de renforcer la connectivité et de soutenir un tourisme plus responsable, sans franchir les zones protégées. L’ambition est de créer un modèle où la conservation et l’inclusion des communautés mayas d’aujourd’hui se conjuguent avec le développement économique.
Un nouvel horizon pour la région
Au-delà des chiffres et des accords, ce pacte incarne une volonté rare : celle de trois pays qui choisissent de dépasser leurs frontières pour protéger un bien commun. La Grande Forêt Maya ne sera plus seulement un sanctuaire de biodiversité, mais aussi un terrain d’expérimentation pour un tourisme durable et une coopération régionale inédite.
De Calakmul à Tikal, d’El Caracol aux rivières cachées, ce corridor bioculturel ouvre la voie à une nouvelle manière de voyager : en reliant nature, culture et avenir commun.
Photos : Gobierno de Guatemala | Alfie Matus | @TrenMayaMX